Jean-François Pauvros
Américain (borné dans les Youéçés ? comme l’auto-proclamait, égosillé macho, l’Avenir déjà plus très frais d’un rock and roll qui n’aura peut être pas même la santé nécessaire à passer cette fin de siècle), il eut été de tous les « bons coups », et il n’y aurait pas assez de « Live at the Knitting Factory Vol, 67 », de « Very Very Noisy at Lollapalooza n° 413 bis » ou de « Total Chaos From Nowhere (remasterised From the original caca-boudin tapes) » pour y loger digitalement ses frasques hautes fréquencées ; lui qui cependant ouvrit (duo avec David Holmes) pour Napalm Death.
Seulement voilà, né dans le Nord de la France (région que la presse autorisée se plaît pourtant à décrire comme un « spécial ch’ti remix » de la banlieue de Detroit ou de l’extrême misère appalachienne), local inventeur (mais non breveté) de la free noise trash guitar, Jean François PAUVROS, incontestable singularité planant haut dessus du firmament contrit de notre dérogatoire exception culturelle, est condamné à régner sauvage (voire isolé) sur des territoires que traversent plus que très rarement nos gratteux occupés à former, les deux pieds en canard, d’impayables chenilles qui redémarrent accrochées aux basques ou de Frisell Bill (pour les modernes) ou d’Hendrix Jimi (pour les anciens),
Interview
Styliste de l’extrême à l’archet, sorte de Link Wray (tombé jeune dans une marmite de potion no-wave) jouant, grand saigneur, le doigté ad-hoc contre les transistorisés effets téléphonés, ramoneur (gabba-gabba-hey !) des cordes graves de sa voix accordées sur sa sensuelle ligne de vie, immédiatement reconnaissable à l’oreille (quand celle-ci ne bourdonne que modérément à la fin du set), Jean François PAUVROS se promène, dégingandé, ailleurs que dans les tristes priapées tirées au cordeau de l’electric jet-set society.
On dirait qu’il s’amuse encore. Idée qui pourtant semble n’amuser plus personne dans le milieu de la guitare, toujours un peu pincé. Il s’amuse donc.
A tirer en mesure des chaises avec Rhys Chatham, d’après des partitions en rotin de La Monte Young, chaises qu’il finit par glisser sous les culs de Cent Guitares orchestrées par ce même Rhys (mais uniquement sur rendezvous !) ; à deviser, un ou plusieurs sons à la main, avec l’inventeur-mélomane Ken Butler ou Tony Allen ; à pousser le ballet pour Anne Dreyfus (cf. chronique de « Le Corps est un Menteur », CD sur Spalax Records, dans le numéro 24 de Revue et Corrigée) lorsqu’en repos des bravoures de Marteau Rouge, pièce montée féroce avec les japonais Itaru Oki (trompette lyonnaise) et Makoto Sato (baguettes), les astuces électro de Jean-Marc Foussat (rejoints, secrètement parfois, par la frénétic rythmic guitare du chanteur africain Wasis Diop ou par le furieux Daunik Lazro) ; à forcer le son derrière la poésie érotiquement correcte de la fatale Setsuko Chiba, dans les salons sobrement désignés de l’Espace japon à Paris ; à pousser Le Cri du Dingo avec le rocker Ernie Brooks (bassiste historique des Modern Lovers) ; à préparer son « Meeting » sur des textes de Pier Paolo Pasolini, dans une mise en scène d’E. Ostrowski en janvier prochain à la Cité Universitaire; ou à redonner de l’écho aux canyons roulant les voix des indiens qui, en dépit des efforts du Général Custer et des agents du F.B.I, résistent sur disques Nato.
C’est ainsi que Jean François PAUVROS s’amuse au présent : en étant partout ailleurs que là où leur plan de carrière en mène d’autres. Et comble de perversion, lorsqu’il annonce la reformation du Grand Amour, c’est en faisant la nique aux vestales hystérisant les archives sonores, en en réactualisant le personnel : Gary Lucas (guitare, ex-Captain Beefheart’s Magic Band), Jonathan Kane (drums), et Fabio Lanino ou d’autres chanteurs napolitains (tournée italienne à l’horizon).
Comment faisait-il dans le passé ? On peut se reporter au questionnaire ci-dessous, amusant jeu de l’oie décalant son blues en douze mesures drolatiques (taisant hélas le succulent lointain épisode de déambulations répétées dans les toilettes « hommes et femmes » des Halles, en compagnie de Michel Potage, autour d’une proto-fellinienne dame-touchepipi, ballet à la salacité austèrement radicale, kinorégraphié en 24 images/seconde super 8 par un inégalé Jérôme de Misoltz, ayant quitté depuis les odeurs de créosote du cinéma underground pour les fumets des aisselles parfumées à la louche dans les studios débitant les déliquescents magazines roses télévisuels).
1.) Jean-François Pauvros/Gaby Bizien : « Une Plage de Bling » (Pauvros/Bizien), in No Man’s Land, disques 1-2-3, pas de date d’enregistrement.
Jean-François Pauvros : guitare électrique, guitare algérienne ; Gaby Bizien : batterie.
R&C : Derrière ce titre très private joke, G. Bizien et vous, annonciez en cet extrême début des années soixante-dix, tout l’à présent de la guitare électrique : boucles, delay, noise, effets, larsen, etc sur fonds de batterie frénétique ; il y a même, cerise sur le gâteau avant gardiste, la trompette algérienne qui annonce la débâcle de l’altruisme ethno au profit de l’intégrisme world : vous signiez là le manifeste de la musique panique ?
Jean-François Pauvros : Époque du groupe lillois Moebius (suite logique de l’engagement politique) où militaient suivant les jours et en des lieux improbables des musiciens de la région : Gaby Bizien, William Shotte, Cécile Baudry, Philippe Deschepper, Gérard Rouy… et en contrepoint, une concentration très drastique en duo avec Bizien qui a donné ce disque (dont je n’ai plus d’exemplaire).
Des heures et des heures d’improvisation quotidienne. Le plaisir de la découverte d’un nouveau langage… L’improvisation ça ne s’improvise pas… Le duo en général, avec un percussionniste en particulier, est le résultat d’une longue maturation, d’un grand bout de vie partagée (comme avec David Holmes, Jonathan Kane, Makoto Sato, etc.).
Au-delà des labels politiques qui ont été des espérances pour la musique improvisée comme BYG, FUTURA, NATO, il ne faut pas oublier que Jeff Gilson (disques PALM 1/2/3) a été le premier à ouvrir son studio à des gens comme Bernard Vitet, Raymond Boni, Jean-Luc Ponty, Michel Portal, etc…
2.) Siegfried Kessler/Jean-François Pauvros, « Swinging SK13, Swagin’ Cap 10 » (Kessler), in Phenix 14, Le Chant du Monde, 1978
Siegfried Kessler : clavinette, piano Yamaha ; Jean-François Pauvros : guitare Jacobacci
R&C : D’avantage du côté de l’électronique que de celui de l’électricité, ce morceau reste un alien dans la production musicale de l’époque (tranchant même sur le reste du disque), puisque rien n’y ressemble à ce qui se faisait alors en guitares (où c’était plutôt Mc Laughlin et Coryell) et en claviers (là, c’était plutôt Jarrett et Corea) : ça aurait pu paraître sans peine (avec un tempo plus lent ?) dans la collection argentée de chez Philips, "Prospective 21ème Siècle".
Jean-François Pauvros : Découverte d’autres improvisateurs français : Claude Bernard, Raymond Boni, Jac Berrocal, Didier Malherbe, Daunik Lazro. j’avais fait un disque (qui n’est jamais sorti) avec ces musiciens que je voulais terminer sur un morceau avec Siegfried Kessler que je connaissais depuis quelques années. La nuit fut plus belle que nos rêves et donna ce disque d’aéroplane qui plane toujours pour moi et dont il ne me reste qu’un seul exemplaire.
3.) CATALOGUE : « Le Chat » (Catalogue), in Insomnie, Blue Silver Mélodie, 1987
Gilbert Artman : batterie, orgue ; jac Berrocal : voix ; Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Le disque de Catalogue le moins cité pour cause de déviationnisme commercial, thèse à laquelle il est cependant difficile de souscrire si l’on prête attention à la façon dont est orchestrée la marche de ce redoutable félin : batterie chaloupant sur sa ligne de basse, paroles décalées finissant en violents étouffements et, en lieu et place du convenu solo de guitare que la variété de consommation courante n’aurait pas manquer de nous asséner, hop, vous feintez de l’archet…
Jean-François Pauvros : Des chansons incertaines dont les mélodies s’imposent à votre mémoire… Berrocal parolier inspiré… Mais peut-on trouver plus de vingt mélodies fondamentales pour soi (en une vie) ? Deux ou trois peut être qui reviennent comme des chansons de l’enfance, se transformant peu à peu, qui se nourrissent de la vie et s’épurent encore… Enfouies dans l’improvisation, on déterre toujours nos mêmes ritournelles.
4.) Jean-François Pauvros : « Cri de Cœur » (Pauvros/Milton), in Le Grand Amour, Nato, 1985.
Arto Lindsay: guitare ; Ted Milton : chant, sax alto ; Terry Day : batterie ; Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Dix ans après, ce morceau cogne toujours aussi méchamment… du rock complètement sonné par un all-punk-star band ! Tout est dans le free-break, ce fameux Cri de Cœur, après le solo de sax ?
Jean-François Pauvros : Ne jouer qu’avec des êtres affamés de vie, d’amour… « Ce n’est pas la femme, c’est le sexe — Ce n’est pas le sexe, c’est l’instant — La folie de le diviser, l’instant ou celle d’atteindre … quoi ? » (Paul Valéry)
5.) Bizien/Malherbe/Pauvros : « Tansendentelle » (Bizien/Malherbe/Pauvros), in Trans Musique – Concert à Paris, Freebird, 1978
Gaby Bizien : percussions ; Didier Malherbe : flûte, saxophone : Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Vous étiez alors résolument bruitiste, puisque dès que le saxophone s’engage sur les plates bandes gentiment entretenues du jazz propret, vous le plantez là, après avoir cependant, au début du morceau, fait grogner les cordes…
Jean-François Pauvros : Oublier les références… Chaque expérience musicale, des bals où j’avais la chance de pouvoir improviser au sein de l’orchestre du Roi de l’Accordéon Belge, tout en faisant danser (mais danser bon dieu, quand on joue!! touchez-vous, aimezvous !!!) à l’expérience musicale et humaine des Cent Guitares de Rhys Chatham, tout se superpose, s’imbrique, suinte de l’une sur l’autre… Se battre contre soi-même pour préserver la pureté de l’intuition…
6.) Jean-François Pauvros : « Solo » (Pauvros), in La nuit des solos, Vand’Œuvre, 1987
Jean-François Pauvros : voix, guitare
R&C : Ce disque ne donne pas à entendre la totalité de votre solo (la règle est la même pour tous les solistes retenus sur ce disque), mais je crois me souvenir qu’il s’agit là de votre entrée en matière : rugissement sur cordes battues, et hop, tout de suite après, vibrato post twist… étrange, non ? N’utilisiez-vous pas ce soir là, cette petite guitare habillée de formica noir, semblable à celles que l’on pouvait voir pendre dans les loteries foraines, il y a peu encore ?
Jean-François Pauvros : Cette petite guitare est une mandoline électrique trouvée sous une pile de maillots de corps dans une tente de marchand ambulant près de Wimereux (Pas de Calais). Depuis, une force a fait qu’elle serve surtout en Italie, le pays européen qui prend le plus de plaisir au mélange des genres, au plaisir d’essence de la musique.
Faut-il en profiter pour dire encore que Vandoeuvre, comme l’était Chantenay, est un des rares festivals où la musique se joue vraiment, c’est à dire qu’elle se met en jeu à quitte ou double pour l’instant ou le futur…
7.) Jean-François Pauvros : « La Chanson du Cure Dent » (Pauvros), in Ubu et la Merdre, In Poly Sons, pas de date d’enregistrement
Jean-François Pauvros : voix, percussion, guitare
R&C : Ça se termine sur « Dors min p’tit Quinquln », berceuse du Nord, c’est à dire votre enfance non ? J’ai toujours trouvé ce morceau émouvant et toujours souhaité l’entendre, volume à fonds, sur un manège d’auto-scooters, dans les odeurs mêlées du sucre chaud des pommes d’amour et des violentes eaux de Cologne des filles simples…
Jean-François Pauvros : « Un cure-dent » c’est la dernière requête d’Alfred jarry avant de mourir… Enregistré sur un 4 pistes chez un hypothétique « chez moi » ; un CD de cette « house musique » va sortir chez In Poly Sons (encore Nancy !), avec pour titre, « La Belle Décisive ».
— « Tu ne penses jamais à la mort ? »
— « Je pense à ça. C’est pareil ».
Une expression de mépris :
— « Tu veux de ma petite mort ? »
Le corps en arrière elle tend son sexe.
— « Et avec elle, on meurt plusieurs fois. Tu veux essayer ? Je suis une bonne petite mort. »
(Louis Calaferte)
Le Nord est présent dans ces mélodies qui flottent dans le brouillard, entre ciel et mer… Les fanfares, les Gilles de Binche, la chaleur des corps mouillés. "Filles simples", je n’ai jamais rencontré de fille simple… peut être à l’époque des filles samplées… Futur-présent-passé décomposé. Aiguille magnétique de mon désir, tu ne m’as jamais trompé sur la route à suivre…
8.) Mellesse Netsanet: « Anteye » (M. Netsanet), in Dodge, Dona Wana-Musidisc, 1992
Mellesse Netsanet : voix ; Yohannes Tekola : trompette ; Berdhane Kidane : claviers ; Tamara Haregu : batterie ; Deredge Tefera : basse ; Philippe Herpin : sax alto ; Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Addis Ababa, lointaine banlieue de Lille, qui l’eut cru? Et, plus encore, qu’il y ait de l’Ayler (tendance Donald, trompettiste, frère d’Albert) dans les mélodies de la très Jolie Mellessé Netsanet? Avant cette session, aviez-vous entendu Mengesha "Blbisha" T eferi, le guitariste éthiopien dont l’instrument sonne entre clavinette et métallophone?
Jean-François Pauvros : Nomadisme musical. Bouger - Mélanger, agiter…
Une musique entendue dans un rêve. Steel drums et archet, voix du Sénégal mélangée au haïkaï rauque… Le cri du dingo, les chants indiens de Left for Dead… Rencontres au coin d’un bois, dans la série il n’y a pas de hasard : Arto Lindsay, Jonathan Kane, Anne Dreyfus, etc. Et puis il y a les éclaireurs, les agitateurs patentés, par exemple, "l’éthiopien" Francis Falceto qui m’a fait découvrir l’amharique après les Cent Guitares, etc. Bouger… mélanger… agiter… l’eau qui stagne pue
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9.) Jac Berrocal : « Signe Particulier » (Berrocal), in Fatal Encounters, Les Disques du Soleil et de l’Acier, 1979
Jac Berrocal : voix ; Michel Potage : voix ; Jean-Pierre Arnoux : batterie ; Jean-François Pauvros : basse, guitare
R&C : Berrocal était en train d’accoucher, là, de la formule (simple parce qu’extrêmement efficace) Catalogue, déjà bien mûre sur ce morceau où vous jouez de la basse : cet instrument ne vous manquait-iI pas un peu dans ce trio que Jac Berrocal voulait marqué par l’Indie rock anglais et notamment par Public Image Limited?
Jean-François Pauvros : "Fatal Encounters" … aucune de ces rencontres n’a été heureusement fatale pour l’ami Jac(ques) (pourquoi a-t-il châtré son nom?), il est très résistant… La recherche flamboyante de la reconnaissance au prix et au mépris de la vie, avec le génie qui sauve de tous les excès, sans excuse… seule fut fatale la rencontre du miroir…
10.) Terry Day : « So Comely » (Day/Hymas), in Look at Me, Nato, 1987
Laura Davis : voix ; Tony Coe : clarinette ; George Khan : sax alto ; Ed Keane : guitare ; Chris Laurence : guitare basse ; Jean-Pierre Arnoux : batterie ; Tony Hymas : claviers ; Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Cette deuxième rencontre discographique avec l’immense Terry Day est placée sous le signe d’un certain formatage radio qui fait que le propos s’est recentré et le discours resserré, tout comme vos soli de guitare, puisqu’iI s’agit quand même bien de vous qui prenez les deux, mais avec wah-wah?
Jean-François PAUVROS : Disque dont il faut bien dire que s’il préserve sa poésie et sa fragilité ne rend pas compte complètement de la rugosité de Terry Day. Toute production a tendance à rogner les ongles. Disques trop polis pour être honnêtes. Disque dur, abrasif… Alors le disque "live" ? De toutes façons, dans la conception actuelle de la production sonore ou même du rendu public d’un concert avec les éternelles salades gauche-droite, on est la "3ème oreille" entre deux chaises et dans une période dépassée et fausse qui pousse parfois à des contresens de l’acte musical lui-même… mais ceci est une autre histoire.
11.) Jean-François Pauvros : « Soft Door Close » (Pauvros/Parker), in Hamster Attack, Nato, pas de date d’enregistrement
Evan Parker : sax tenor ; Jean-François Pauvros : guitare
R&C : Libre improvisation en compagnie d’un des maîtres du genre, au saxo duquel vous fournissez un épais tapis de matières organiques?
Jean-François PAUVROS : Ne partager le plaisir musical qu’avec des êtres à l’humanisme forcené comme Sonny Sharrock, Tony Hymas, Barney Bush, etc. et Evan Parker. Il n’y a pas de différence entre le propos musical et l’attitude de vie quotidienne… l’amour, l’autre, écouter… Cette recherche libertaire de tous les instants… loin de ces deux extrêmes : certains musiciens français qui de chercheurs d’or sont devenus des chercheurs de vignette… ou certains musiciens américains qui sont restés des chasseurs de prime assassins.
Libertaire, anarchiste… mais l’état fait sa loi dans la musique comme ailleurs… Depuis que des flics posent eux-mêmes des bombes… Depuis qu’en France les militaires et la police ont pris le pouvoir, depuis que l’autre que l’on aime peut être égorgé en Bosnie, Serbie, Algérie, depuis que l’amour est frappé d’interdiction mortelle, nous avons encore le pouvoir de nous exprimer librement parce que dans un langage où l’ennemi de la vie "n’y entrave que couic"… Profitons-en et fomentons !
Ce pays qui est devenu si stupide qu’à force de vouloir atomiquement péter < plus haut que son cul n’arrive qu’à imploser des hernies douteuses dans ses boyaux parisiens.
Ce pays où pour faire entendre sa musique il faut une carte de S.S., un compte en banque… !
Réveillons-nous bordel !
Ce moment si fragile où pour la première fois le pinceau touche une nouvelle toile, le pied le tapis, les doigts la corde, ma peau ta peau…
Le grain de la vie, libre parce que libre-penseur… à cœur ouvert…
11.) Jean-François Pauvros : « Cette Passion » (Pauvros/Rodriguez), in Le corps est un menteur, Spalax, 1994
Rico Rodriguez : trombone ; Jean-François Pauvros : guitare, archet
R&C : Accès de douleur triste chez, cette fanfare réduite à sa plus simple expression, vertiges de graves avec la guitare à l’archet que distraient, à peine, les accords de fin plaqués en aigu: le corps voudrait-iI faire mentir cette passion qui, le traversant, semble le faire tant souffrir? Le morceau est empreint d’une belle gravité, Il est vrai que s’agissant là de tout un corps de ballet, le mensonge se doit d’être énorme…
Jean-François PAUVROS : Rico Rodriguez, un son unique que j’avais dans l’oreille depuis quinze ans, entendu au coin d’un disque… et puis la rencontre, Mary Genis, Trinidad, une rue de Londres (Mac Orlan — un rat est entré dans ma chambre), le "travail" (comme dirait Maya, la sage-femme) avec la chorégraphe Anne Dreyfus, "le corps est un menteur" (pour 100 participants) et cette musique entendue, "rêvée" en une nuit avec Rico et Beniat Achiary et mes trois instruments préférés: la voix, le trombone, l’archet. Travail avec la danse, improvisation avec le corps, un milieu où règne plus qu’ailleurs l’exploitation en tout genre: des corps, de la vie, des idées, de la musique; a contrario, quand il s’affranchit de ces tares, quand les chorégraphes ne sont plus des danseurs prétentieux, l’espace de création peut être total…
Le travail avec la voix, les improvisations avec des textes d’Artaud, de Pasolini… le sens, le son, l’onomatopée… Mélangeons nos langues…
"Juste un peu de brume au bout du monde
Juste un peu de couleurs au bout du compte".
Réponses de Jean François PAUVROS
au questionnaire médiumnique
recueillies par courrier
et par téléphone par
Jacques DEBOUT